Nombreux sont les préparateurs physiques qui souhaitent mettre en place un programme d’entraînement personnalisé qui intègre les méthodes d’entraînement les plus avancées et cela pour le bien des athlètes. Beaucoup d’efforts sont ainsi déployés dans la mise en place du plan d’entraînement parfait. Dans le sport moderne, un athlète doit être à la fois imposant physiquement (selon le sport bien sûr), explosif, rapide, agile et conditionné.
Toutefois, les efforts déployés à l’entraînement ne seront jamais optimaux à moins que le plan d’entraînement n’inclut également le repos adéquat pour que les adaptations se concrétisent. Dans le présent article, nous réviserons des concepts fondamentaux comme la relation stress~récupération. Ensuite, nous examinerons les différentes facettes de la récupération et comment il est possible d’optimiser chacune d’entre elles.
Lorsque le préparateur physique soumet un athlète à un entraînement physique rigoureux dans le but de le préparer à la pratique d’un sport, nous visons une adaptation de l’organisme à l’entraînement auquel il a été soumis. En réponse à ce stress, l’homéostasie ou l’équilibre des différents systèmes du corps humain est donc perturbée et le corps cherche donc à retrouver cet équilibre en s’ajustant aux nouvelles rigueurs de son environnement. Pour bien illustrer ce point, nous pouvons nous attarder aux deux modèles de la capacité de performance, soit : la théorie de la surcompensation et la théorie des deux facteurs illustrée par le modèle fitness-fatigue.
Chaque théorie débute avec l’application d’un stress, que cela soit une séance de musculation, une séance de course ou même une compétition sportive. S’ensuit ensuite une fatigue et une diminution de la performance d’une ampleur variable selon le volume ou l’intensité de la séance réalisée. Comme l’organisme cherche constamment à s’adapter à son environnement, divers processus s’enclenchent pour favoriser la récupération.
Dans la théorie de la surcompensation illustrée ci-dessous, le processus de récupération permet non seulement à l’organisme de revenir niveau de forme initial, mais d’aller même au-delà de ses capacités pour une courte période de temps.
La seconde théorie, soit la théorie des deux facteurs (Dual-factor Theory), est similaire à celle de la surcompensation de par l’application d’un stress et par la fatigue qui s’ensuit. Par contre, la particularité de la théorie des deux facteurs réside dans l’effet du stress sur la fatigue et la forme sportive.
Dans ce cas-ci, l’application d’un stress, ici la séance d’entraînement, entraînera des effets bénéfiques sur la forme sportive; effets qui sont d’une longue durée. En contrepartie, une fatigue importante sera présente immédiatement après l’application du stress; fatigue qui masque les gains en forme sportive pour une courte période de temps. Ici encore, le rôle de la récupération est crucial afin de réduire l’ampleur de la fatigue afin de retirer des adaptations positives sur le niveau de préparation (preparedness) et de forme.
Malgré leurs différences, ces théories présentes des similitudes importantes et peuvent donc être considérer comme complémentaires l’une à l’autre. Une de ces similitudes est l’importance de la récupération afin de pouvoir surcharger l’organisme et le pousser à s’adapter. Toutefois, nous ne parlons souvent que du stress physique issu de l’entraînement et de la compétition.
Il existe en fait deux autres formes de stress que l’on doit prendre en considération selon Ian Jeffreys, auteur du livre Coaches’ Guide to Enhancing Recovery in Athletes, soit le stress psychologique et le stress émotionnel.
Par stress émotionnel, nous pouvons penser à tout événement dans la vie de l’athlète en dehors de son sport qui vient l’affecter, que cela soit la mort d’un proche, des troubles financiers, des relations interpersonnelles tendues, etc. Par stress psychologique, nous pouvons penser à une forte pression de performer en période de compétition, la monotonie de l’entraînement, le retour au jeu suite à une blessure grave et le doute qui s’est établi dans l’esprit de l’athlète, etc. Évidemment, par stress physiologique, nous n’avons qu’à penser à tout type d’entraînement (musculation, course, entraînement technique, etc.) auquel un athlète peut être soumis. L’interaction entre ces trois formes de stress peut prendre différentes formes et différentes proportions selon les capacités de l’athlète à gérer chacune d’entre elles.
Plusieurs méthodes et habitudes de vie sont accessibles aux athlètes afin de mieux gérer le stress physique issu de l’entraînement et de la compétition. Nous parlons notamment de nutrition, de sommeil, d’hydrothérapie, de massothérapie, de récupération active, de séances en piscine, etc. Toutefois, il est primordial de trouver des moyens de permettre à un athlète de bien gérer ou de récupérer du stress émotionnel ou psychologique qu’il peut vivre.
Pour vous aider à mieux gérer le stress psychologique, il est primordial d’établir des objectifs réalistes, autant avec soi-même qu’avec l’aide de son entraîneur sportif ou préparateur physique. Il ne faut surtout pas oublier que l’entraînement est un long processus dont la performance sportive est la consécration ultime. On peut tracer un parallèle intéressant entre la performance sportive et la performance académique.
Il faut maîtriser certains concepts de base avant de pouvoir mériter le droit de progresser à des problèmes plus complexes. Un curriculum sportif clair, adapté à votre niveau, et qui vous permet de progresser avec l’aide d’un coach non pas transactionnel, mais un coach-guide saura réduire/gérer le stress psychologique d’un athlète. Il faut que ce dernier puisse se centrer sur les actions qu’il peut contrôler.
L’utilisation de la visualisation peut également aider un athlète dans le cadre de sa préparation sportive. Cette méthode, qui permet à l’athlète d’imaginer sa performance dans son esprit, peut aider à réduire le stress parce que l’athlète aura préalablement envisagé différents scénarios et ses réponses face à ceux-ci. Il n’est pas rare d’entendre, de la part d’athlète pratiquant la visualisation, que le jeu se déroule au ralenti ou qu’il savait déjà comment réagir face à une situation précise qui est survenue en match.
Du côté émotionnel, je crois qu’il est plus difficile de gérer ou récupérer de ce stress; cela peut dépendre beaucoup de notre personnalité. Néanmoins, avoir un réseau de soutien solide peut aider énormément à surmonter bien des obstacles. Sur le plan émotionnel, je vois d’un oeil positif les activités physiques de type aérobie ou davantage récréatives. Par exemple, sortir son vélo pour une longue sortie ou faire une randonnée pédestre en montagne ne sont peut-être pas spécifiques à votre sport, mais elle vous permettre de décrocher de votre routine, d’apprécier la nature ou la compagnie d’une personne qui vous est chère. D’autres activités comme la lecture, la méditation, écouter de la musique, profiter d’un bon repas avec de la nourriture que vous ne mangez pas habituellement ou simplement ne rien faire sont tout aussi productives que de réaliser une autre séance d’entraînement à contrecoeur. Ces activités peuvent vous permettre de libérer votre esprit et ainsi, vous vous sentirez d’attaque pour poursuivre vos activités quotidiennes.
Finalement, du point de vue physique, il est important que l’entraînement respecte certains règles et principes. Le corps ne peut s’adapter lorsqu’on le soumet à plusieurs stress différents. Par exemple, un travail en force musculaire ou en hypertrophie est souvent moins bénéfique lorsque combiné à un entraînement de type endurance de longue durée. Il est donc important de choisir les qualités physiques à développer ou maintenir selon le plan d’entraînement annuel et le sport pratiqué. Aussi, le corps est limité dans le nombre de séances à haute intensité auxquelles il peut être soumis. Ainsi, une planification d’entraînement alternant les séances difficiles avec des séances plus faciles facilite la récupération et surtout, permet de diminuer la charge d’entraînement totale, limitant ainsi les chances de surentraînement.
En conclusion, le processus d’entraînement est beaucoup plus complexe qu’il peut en avoir l’air. Cela reflète le corps humain et sa complexité que l’Homme n’a pas entièrement compris. Ainsi, les différentes sources de stress peuvent avoir un impact distinct et synergétique sur la capacité des athlètes à bien réagir et à s’adapter à l’entraînement qu’ils entreprennent. Il est donc important de savoir comment identifier les sources de stress et bien les gérer. Ce processus sera, comme l’entraînement, hautement individuel.
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