par audiomaniac le 10/01/2011 15h25
L’année 2010 a amené son lot de révélations, bonnes ou mauvaises.
La rédaction de LaNutrition.fr en a retenu 10 qui ont marqué les esprits
1. Manger moins gras ne fait pas maigrir
Rien de nouveau pour les utilisateurs du site LaNutrition.fr, le premier media à souligner qu’il n’existe aucune preuve scientifique liant la consommation de graisses au surpoids. Nouvelle confirmation cette année avec l’analyse des données de la grande étude européenne EPIC, qui portait sur près de 90 000 hommes et femmes. Résultats : aucune association entre la consommation de graisses (en quantité ou selon les types de corps gras) et l’évolution du poids. Autant pour le fameux slogan « mangez moins gras » !
2. Pas d’association entre graisses saturées et maladies cardiovasculaires
En Février, des chercheurs américains ont publié une méta-analyse de 21 études portant sur près de 350 000 personnes. Conclusion : contrairement à ce qui était quasi-unanimement accepté, il n'existe pas de preuve que les graisses saturées (graisses d’origine animale, mais aussi huiles de palme et de coco) augmentent le risque d’infarctus.
3. Le bisphénol A sur la sellette
En Octobre, le Canada est devenu le premier pays à juger officiellement le bisphénol A toxique, une décision qui donne au gouvernement plus de pouvoir pour le retirer de la chaîne alimentaire. Pas gagné : cette substance qui se comporte comme une hormone est omniprésente. On en trouve notamment dans les revêtements des boîtes de conserve, mais aussi sur les tickets de caisse et reçus de carte de crédit ! Un peu de BPA pourrait pénétrer par la peau. Pour limiter l’exposition, LaNutrition.fr conseille notamment de choisir des conserves en bocaux de verre, et de ne pas réchauffer les aliments dans des récipients en plastique.
4. Le cancer du pancréas lié aux sodas ?
« Deux verres de sodas sucrés par semaine semble multiplier par deux le risque de cancer du pancréas. » Telles sont les conclusions d’une étude américaine conduite à Singapour et publiée en février 2010 dans Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention. Les fabricants de sodas et les producteurs de sucre ont violemment réagi à ces résultats, qualifiant l’étude de « biaisée ». Mais les auteurs de l’étude, qui portait sur 60524 hommes et femmes suivis pendant 14 ans maintiennent leurs affirmations. Selon eux, le sucre contenu dans les sodas augmente le niveau d’insuline dans le corps, ce qui pourrait contribuer à la croissance des cellules cancéreuses. D’autres études ont déjà trouvé une association entre la consommation de sucres ajoutés (notamment le fructose et le sirop de glucose-fructose) et le risque de cancer du pancréas.
5. Le sirop de glucose-fructose met un faux nez
En septembre, les raffineurs américains de sirop de glucose-fructose, dont l’image aux Etats-Unis est catastrophique (ça viendra chez nous !), ont demandé à la Food and Drug Administration l’autorisation d’appeler dorénavant leur produit « sucre de maïs ». Il faut dire qu’un nombre croissant d’études a lié la consommation de ce sucre (dont la composition est proche de celle du sucre blanc) à une myriade de problèmes de santé, parmi lesquels : obésité, hypertension artérielle, diabète. Consommateurs, méfiance !
6. Les poissons gras font un tabac
Les études mettant en évidence les bienfaits des poissons gras et des huiles de poisson se sont succédé à un rythme vertigineux. L’Association américaine de cardiologie, après avoir fait la fine bouche, recommande maintenant à tous les Américains de consommer au moins deux portions de poisson gras par semaine pour réduire le risque d’infarctus et d’hypertension. Les graisses du poisson sont riches en acides gras oméga-3 à longues chaînes (EPA et DHA). Les patients cardiaques, eux, sont avisés de se procurer 1000 mg par jour de ces acides gras, ce qui passe le plus souvent par la prise de capsules d’huile de poisson. Mais les dernières études vont bien au-delà de la protection cardiovasculaire. Cette année, des chercheurs barcelonais ont montré que des souris obèses qui consomment des oméga-3 voient leur sensibilité à l’insuline augmenter – une protection contre le risque de diabète. A l’ automne, une équipe américano-canadienne a trouvé que des bébés nourris avec des laits enrichis en oméga-3 réussissent mieux aux tests d’intelligence. Et une étude suédoise a conclu que, par rapport à des adolescents qui mangent rarement du poisson, ceux qui en mangent chaque semaine ont un QI plus élevé de 7% en moyenne. Quant à ceux qui en mangent plusieurs fois par semaine, leur score est plus élevé de 12%.
7. Une pilule anti-âge pour l’ADN
Les télomères sont des séquences répétitives d’ADN à l’extrémité des chromosomes, qui raccourcissent à chaque division cellulaire. Quand ses télomères sont trop courts, la cellule cesse de se diviser et finit par mourir. D’où l’idée de ralentir le vieillissement en ciblant les télomères. Une enzyme appelée télomérase est chargée de conserver la longueur des télomères. En réalité, elle ne le fait que dans les cellules de l’appareil reproductif et les cellules souches, et très peu dans les cellules somatiques qui composent l’organisme. En 2001 des chercheurs de l’entreprise américaine de biotechnologie Geron ont isolé une molécule dans la plante astragale (Astragalus membranaceus), qu’ils ont appelée TA-65. Selon Geron, cette molécule stimule la télomérase. Le produit est développé et vendu (cher) sous la forme de complément alimentaire par la société new-yorkaise TA Sciences qui assure que cet extrait améliore la densité osseuse, la fonction immunitaire et des biomarqueurs du vieillissement. Des études ont été soumises à publication dans des journaux scientifiques. A ce jour, une seule a été publiée : elle conclut que le TA-65 aurait des effets bénéfiques chez des patients porteurs de cytomégalovirus. Pendant ce temps, une autre société américaine, Sierra Sciences (Reno, Nevada) cherche aussi à développer des agents actifs qui maintiendraient les télomères. « Nous avons identifié 35 substances qui activent le gène de la télomérase, » dit le patron de Sierra Sciences, Bill Andrews.  La société espère avoir une autorisation de mise sur le marché pour un médicament d’ici 15 ans.
8. Chez le maraîcher, un médicament contre la gueule de bois
Selon une étude publiée dans le Journal of Food Science, l’asperge renfermerait des substances qui protègent le foie des toxines de l’alcool, diminuent les dégâts cellulaires et minimisent la gueule de bois !
9. Feu vert pour les laits au soja chez l’enfant
Les laits artificiels pour nouveau-nés à base de soja souffrent d’une mauvaise réputation. Certains médecins les soupçonnent, par leur contenu en phytoestrogènes, de pouvoir perturber le développement sexuel. Une crainte entretenue par des campagnes de l’industrie laitière et un avis controversé de l’ex-Agence française de sécurité sanitaire des aliments. Mais une étude publiée cette année devrait rassurer les nombreux parents pour lesquels le soja est une alternative voulue, ou dictée par l’intolérance d’un enfant aux protéines laitières. Dans cette étude, les volumes mammaire, ovarien et testiculaire ont été mesurés chez des bébés de 4 mois nourris au lait maternel, au lait de vache ou au lait de soja. Les chercheurs n’ont trouvé aucune différence selon le mode d’alimentation, à l’exception d’un volume des ovaires et d’un nombre de kystes ovariens plus grands chez les bébés nourris au lait de vache. Les conséquences cliniques ne sont pas claires, plusieurs études n’ayant pas noté de différences biologiques chez des adultes nourris dans leur enfance au lait de vache ou au lait de soja. Enfin, une petite étude a rapporté dans ses résultats préliminaires, que des femmes qui avaient dans l’enfance reçu des laits artificiels au soja avaient un risque de cancer du sein réduit de 40 à 60 pour cent par rapport à des femmes ayant reçu des formules à base de lait de vache.
10. Des fraises, oui, mais bio !
Alors que les tenants du bio et certains nutritionnistes s’opposent sur l’intérêt nutritionnel de la production bio de fruits et légumes, l’une des études les plus minutieuses conduites sur le sujet a été publiée. Elle a conclu que les fraises bio ont significativement plus d’antioxydants, de vitamine C et de polyphénols que les fraises classiques. Elles ont aussi plus de goût et se conservent plus longtemps. De plus les sols dédiés à la culture bio ont une diversité génétique plus grande que les sols servant aux productions extensives qui utilisent engrais et pesticides. Ces résultats ont été publiés en septembre par des chercheurs américains de l’université de l’Etat de Washington.