par Seb33 le 30/10/2003 22h07
Je viens de lire un thread affligeant sur les rapports des triceps et biceps lors du curl. Je fais donc ce texte non pas pour relancer la polémique (qui n'a pas lieu d'être), mais pour remettre les choses à leurs places pour les débutants qui auraient lu cette discussion. Cela pourra aussi, pourquoi pas, servir pour le Faq.
Afin d'être un peu plus général, je ne parlerai pas de biceps ou triceps, mais plutôt de muscle agoniste (qui participe au mouvement) et antagoniste (qui s'oppose au mouvement).
Commençons par mettre les règles au clair:lors de l'excécution d'un mouvement, il y a 3 réflexes musculaires qui entrent en jeu.
1- Le réflexe myotatique:
Le muscle possède des récepteurs sensoriels (FNM=faisceau neuro musculaire) qui se trouvent à la parrallèle des fibres musculaire.
Ces FNM reçoivent des informations sur les variations de longeurs du muscle, ainsi que sur la vitesse de ces variations. Ils les retransmettent au système nerveux (SN) qui envoit ou non une réponse réflexe (=réflexe myotatique).
si la longeur du muscle (uniquement sur étirement, car les variations perceptibles ne sont que sur une augmentation de longueur, idem vitesse) augmente, les FNM envoient les informations sur les variations de longueurs ainsi que la vitesse de ces variations au SN. Ce dernier regarde si l'augmentation de la longueur est voulue.
Si telle n'est pas le cas, il y a une réponse de raidissement (contraction du muscle en cause). Cette contraction sera proportionnelle à la vitesse d'allongement du muscle (c'est pourquoi il ne faut jamais s'étirer trop rapidement ou par saccades).
2- Le réflexe myotatique inverse:
Les tendons possèdent eux aussi des récepteurs sensoriels, les OTG (organes tendineux de Golgi), qui répondent à une pression. lorsqu'un muscle est étiré ou contracté, il tire sur les tendons. Les fibres de ces derniers se resserrent donc (comme un élastique), exerçant ainsi une pression sur les OTG qui envoient l'information de variation de pression (toujours la variation positive et uniquement la variation).
Lorsque vous étirez trop fortement ou rapidement un muscle, il y a une grosse variation de pression sur les OTG, donc raidissement du muscle (=Reflexe myotatique inverse). si vous maintenez cet étirement, ou si vous l'amplifiez il y a un relachement total du muscle mis en cause. Même chose pour une contraction trop forte ou trop brusque.
Cette deuxième partie de réponse se fait par inhibition du muscle agoniste et facilitation de l'antagoniste.
3- Le réflexe d'inhibition réciproque:
Il est à l'origine du relachement parfait dans le geste (cf carl lewis sur un 100m=excitation de l'agoniste et relachement de l'antagoniste).
Contrairement aux précédents réflexes, il ne s'agit pas d'un phénomène lié à un récepteur sensoriel particulier, mais plutôt à un apprentissage moteur permettant de mieux gérer les réflexes myotatique et myotatique inverse.
Il s'agit donc d'une organisation coordonnée et hiérarchisée par le SN.
Lors des réflexes, les informations arrivent à la moelle épinière qui provoque ou non le réflexe voulu. Mais, ces informations arrivent aussi au cerveau. Là , il y a des organes dont le boulot est de faire les sommes de ces informations et d'envoyer une réponse de modulation des réflexes mis en jeu. cela donne soit une inhibition,; soit une excitation des motoneurones mis en jeu.
Maintenant, voyons ce que cela donne sur nos mouvements de musculation:
1- la phase concentrique:
Lors de cette phase, il n'y aura pas de FNM agonistes en jeu, puisque le muscle se contractera, donc réduira sa longueur.
Par contre, les OTg agoniste et antagonistes, ainsi que les FNM du muscle antagoniste entreront en jeu.
vous contractez volontairement le muscle agoniste. le cerveau envoit une information aux FNM du muscle antagoniste que la longueur va varier (si contraction avec mouvement, il y aura automatique un alongement du muscle antagoniste).
Les Otg envoient des informations de variations de pression (dûes à la contraction pour les OTg agonistes et à l'etirement pour les Otg antagonistes).
Donc, mise en place du réflexe myotatique inverse: Contraction de l'antagoniste et tentative de relâchement de l'agoniste. donc la contraction volontaire de l'agoniste devra être plus importante pour maintenir la vitesse.
plus la contraction est brutale ou puissante, plus la force du réflexe myotatique inverse sera importante.
2- La phase de maintien:
Lors de cette phase, il n'y a plus aucune variation, donc rien à signaler pour ce texte.et les longueur des muscles agonistes et antagonistes seront les nouvelles longueurs de références pour les FNMs respectifs.
3- La phase excentrique:
Lors de cette phase, tous les systèmes de réflexes entreront en jeu. Nous partiront du principe d'une descente lente, mais les résultats seront aussi valable, avec un moindre effet à mesure que la vitesse augmentera (dans la mesur eoù elle est maîtrisée).
Il est important de savoir que lors d'une phase excentrique, avec la même charge que pour la phase concentrique, il y aura 2x moins de fibres mise en jeu (pas de mouvements à créer, c'est l'apedanteur qui le créait) et il n'y aura pas de contractions continuent (simplement des impulsions juste le temps de freiner la vitesse de descente à la vitesse voulue). cette fréquence des impulsions augmentera à mesure que l'on veut une vitesse basse.
donc, vous voulez descendre à x m/sec. le cerveau prévient les FNM agonistes que la longueur sera augmentée. Ceci à chaque nouvelle impulsion (puisque la longueur varie lentement, les FNM ont le temps de réinitialiser les compteurs à chaque nouvelle impulsion ou si la vitesse est trop basse, toutes les x impulsions).
Vous entamez la descente. Les OTg agonistes avaient comme mesure initiale la pression en phase de maintien, idem Otg antagoniste.
Lors de la descente, il va y avoir une succession (pour les OTg agoniste) de pression, pas de pression, pression. donc des variations brusques et intermittentes. donc réflexes myotatique inverse (raidissement de l'antagoniste et relâchement de l'agoniste). Donc, les impulsions necessaires augenteront de frequence, donc augmentation du réflexe myotatique inverse, donc augmentation de la contraction de l'antagoniste... et ainsi de suite.
C'est pour cela que l'on se retrouve de temps en temps avec l'antagoniste hyper contracté.
CQFD
Maintenant, revenons un petit peu à nos triceps/biceps lors du curl.
Le triceps possède une longue portion ayant 3 effets possible:
- l'extension du coude
- L'adduction du bras
- La rétropulsion du bras.
Or, lorsque nous trichons, nous levons les coudes en phase concentrique. donc, pendant la phase excentrique, il y a rétropulsion du bras. ce mouvement n'est pas dû à une action du triceps, mais à un retour mécanique (pesanteur). cela facilite par contre encore plus l'effet myotatique inverse.
De plus, lors de la phase exentrique, nous avons souvent tendance, pour un mouvement très lent, à serrer les coudes au corps, donc nous faisons une adduction du bras volontaire, donc une contraction de la longue portion.
ceci ajouté à ce que nous avons vu précédemment donne une grosse contraction du triceps pendant le curl.
C'est pourquoi il vaut mieux éviter de bosser le même jour les triceps et les biceps.
Maintenant, lors de la discussion en question, j'ai aussi lu que certains avaient un travaille des triceps pendant le SDT. Certains (d'autres) disaient que c'était impossible.
Que nenni.
Lorsque vous faites un SDT, le haut du corps (au-dessus des lombaires) ne travaillent qu'en isométrique (la mobilité des bras n'est que mécanique). Vous créez une sorte de contention (ou gainage) de manière à avoir une moindre déformation du haut du corps pour éviter les blessures.
Dans le réflexe d'inhibition réciproque, j'ai volontairement hommis une donnée:
En effet, j'ai commencé à parlé de l'apprentissage. Le cerveau apprend qu'avec une variation de longueur sur un exercice x, avec une vitesse Y, les réponses des OTG devront être Z. il n'y aura donc pas de réaction reflexe tant que les signaux OTG seront dans les normes apprisent (shintage de la moelle épinière).
Par contre, il y a des réflexes Primaires (génétiques) que le cerveau impose à la moelle épinière. Ces réflexes sont les réflexes posturaux (c'est pas le nom, ils n'en ont pas, je prefère leur en donner un c'est plus simple).
En effet, le corps humain possède une posture de repos et différentes postures intermédiaires dites de travail (au cours d'un exo par exemple).
Le cerveau possède toute une palette de données (innées) permettant de préserver l'intégrité de notre organisme et donc aussi de nos muscles, articulations...
Prenons un exemple: vous vous mettez sur une table à 1 m de hauteur. vous vous laissez tomber et vous ne cherchez rien (pas de rebond, pas d'équilibre... rien). que constatez vous (sauf si vous vous êtes cassé la cheville)? vos muscles de la cuisse (quadriceps et ischios, donc agonistes et antagonistes) n'étaient pas tout mou au moment de l'impact au sol. au contraire, ils étaient bien gainés, de manière à ne pas avoir de déformation trop importante (après, il peut y avoir un relachement des quadriceps, pour amortir la fin du mouvement, il s'agit du réflexe myotatique inverse à cause de la grosse pression soudaine dans l'articulation du genou).
comment cela se fait-il?
Très simple: le SN anticipe une déformation probable de l'angle de l'articulation et réalise une contraction de tous les muscles de l'articulaiton de manière à créer une contention. on remarquera que cette contention (donc force de contraction) augmente avecf la hauteur du saut.
lors du SDt, c'est la même chose qui se passe: le corps contracte tous les muscles du haut pour former un platre limitant ainsi la déformation (cela inclus les pecs, les triceps...). cette contraction n'est pas volontaire, mais spontannée.
par contre, l'apprentissage pourra vous permettre de zapper cet aspect (quoique sur le sdt en particulier ce ne serait pas très intelligent au niveau securité).
Voilà , désolé d'avoir était aussi long.