Lorsqu'on aborde un sujet tel que vegetarisme versus ''omnivorisme/carnivorisme'' il est tres difficile d'obtenir des arguments objectifs, libres de toute forme de parti pris. Les arguments fournies vont toujours dans un meme sens: justifier nos habitudes, modes de vie...Confronte au paradoxe de manger de la viande tout en ayant de la compassion pour les animaux nous pousse a echaffauder des pseudo-theories, nous nous sentons coupable de quelquechose de cruel, mais cette chose faisant tellement partie de notre mode de vie, de notre culture, identite que nous avons un mal fou a nous en debarrassee.
L'homme est végétarien parce que tuer d'autre animaux c'est pas bien, franchement c'est un argument de salon qui n'a en plus rien de naturel puisque la plupart des animaux tuent pour vivre.
Je ne trouve pas que ce soit un argument de salon mais bien le propre de l'homme depuis l'aube de l'humanite.
Depuis que l'etre humain a ete dote de cette faculte de compassion (c a d souffrir avec, ressentir la souffrance de l'autre) il a toujours ete confronte et torture par ce sentiment de culpabilite, c'est pour cela que de nombreux peuples accompagnaient souvent de rites, parfois compliques, l'abattage d'un animal. La plupart de ces rites contiennent des incantations demandant le pardon aux betes qui seront chassees. Certaines tribus d'amerique du nord avaient pour habitude de s'agenouiller devant le cadavre de l'animal abattu pour se recueillir et demander pardon. De meme que chez les Inuits, carnivores parmi les carnivores, la chasse etait (et est toujours chez ceux qui la pratique encore) accompagnee de rites complexes. Tout ces rituels sont un moyen elabore par ces peuples pour gerer leur sentiment de culpabilite. Et il est interessant de constater que ces peuples sont des chasseurs-cueilleurs dont la survie depend totalement de la chasse, si bien que sans viande, dans l'environnement dans lequel ils evoluent, ils ne pourraient tout simplement pas prosperer ni meme survivre, et pourtant eux aussi ont des doutes et sont plus ou moins genes par l'acte d'oter la vie d'un animal pour entretenir la leur.
Les peuples occidentaux ont trouve deux autres solutions pour gerer ce sentiment de culpabilite:
Traditionnellement faire d'abord une separation philosophique tres nette entre l'homme et l'animal (l'animal ne saurait connaitre la souffrance que ressent l'homme puisque qu'il est fondamentalement different) et ensuite par la deresponsabilisation en deconnectant totalement le consommateur avec la realite qu'implique de manger de la viande
tuer un animal et son inevitable corollaire: la peur de l'animal qui se manifeste par des cris, des gemissements, des tremblements nerveux, la respiration saccadee, les yeux exhorbites par la terreur qui regarde de partout (comme s'il cherchait du regard un echappatoire), le sang qui gicle, la lutte de la bete qui refuse de rentrer dans le compartiment de contention mais qui finira par rentrer sous l'effet de decharges electriques (a l'aide de ce que les eleveurs appellent la ''pile'', petit appareil portatif qui sert a envoyer une douloureuse decharche de courant alternatif pour faire avancer les bete recalcitrantes)...
la plupart des animaux tuent
C'est loin d'etre la plupart des animaux qui tuent d'autres animaux pour vivre puisque les predateurs sont au sommet de la chaine alimentaire, les animaux se nourrissant de vegetaux sont de loin les plus nombreux, d'autant plus logique que la biomasse representee par les vegetaux excede de beaucoup celle des animaux, par consequent nombreux sont les etres vivants qui profitent de cette manne abondante. Cependant il faut reconnaitre que tuer pour manger est un acte tout a fait naturel, mais l'homme,
dote de cette capacite d'empathie, ressent parfois de la souffrance, des doutes quant a la legitimite de tuer un animal, et meme si cela devait etre obligatoire pour sa propre survie. Il est d'autant plus legitime de se poser ses questions lorsque l'on vit dans une societe d'abondance ou les substituts a la viande permettent de vivre en bonne sante sans avoir a en manger.
Ce n'est pas un hasard d'ailleurs si les pensees religieuses et philosophiques qui preconisent de ne pas manger de produits d'origines animales sont nees en asie, en effet la disponibilite et la bonne qualite des proteines d'origine vegetale (telles que les feves genre soja) ont permis a ces peuples d'assumer jusqu'au bout leur compassion, sans cela le bouddhisme, religion marquee par les concepts de compassion et d'amour universel tel que le christianisme, n'auraient jamais pousse sa pensee jusqu'a recommander de ne pas tuer d'animaux pour se nourrir. Si dans le christiannisme le concept de compassion n'a pas ete etendu aux animaux (seul St Francois d'Assise semblait etre preoccupe par la condition animale) c'est probablement parce qu'a cette epoque les proteines d'origine animale etaient probablement necessaires a la survie des peuple du moyen-Orient et d'Europe.
Mais qu'en est-il actuellement
Est-il encore necessaire de manger de la viande pour vivre et se developper normalement
Ou est-ce que le fait de continuer a manger de la viande n'est que la perpetuation d'une habitude ancestrale auquel s'ajoute une volonte egoiste de satisfaire ses papilles gustatives
Vaste debat
Un pays comme la Nouvelle-Zélande, par exemple, a la majorité de son socle formé de roches volcaniques affleurant à la surface, avec donc une profondeur de sol très réduite, rendant l'agriculture quasi-impossible. Par contre, 42 millionsde moutons prospèrent dans ce pays, constituant une source de nourriture abondante, de haute qualité, bon marché et contribuant au maintient du peu de fertilité des sols au travers de la fumure naturelle issue de ces animaux, assurant ainsi la perennité à long terme de ce système.
ce que l'on oublie de dire c'est l'influence deletere considerable de cet elevage sur l'ecosyteme de la new zealand, cet elevage est effectivement interessant d'un point vue economique, permettant aux riches du Nord, auto-suffisant alimentairement parlant par ailleurs, de bouffer de l'agneau a bas prix, mais cet elevage n'apportent aucune proteine de bonne qualite aux creves la dalle des pays pauvres, encore une fois les biens gras que nous sommes peuvent tranquillement continuer a s'engraisser et les miserables continuer a crever de faim. Le productivisme agricole n'a pas d'autre but que de faire du fric et en aucun cas de nourrir ceux qui en ont besoin(comme les OGM d'ailleurs)...Si l'elevage du mouton permettait vraiment de nourrir ceux qui en ont besoin je n'y serais pas oppose et dirais meme tant pis pour l'ecosysteme de le nouvelle zelande, mais malheureusement ceux qui souffrent de la faim ce n'est pas du mouton neo-zelandais qu'ils ont besoin (et meme s'ils en avaient besoin ils n'en verraient pas la couleur), non, mais ce dont ils ont reellement et cruellement besoin c'est que les guerres interminables, la corruption de leurs dirigeants cessent, que les usa et l'europe stoppent d'inonder leur marche de leurs surplus agricoles, et enfin de reapprendre a cultiver les culture vivrieres traditionnelles...
Il est certainement bien pire de se faire bouffer par un lion, après avoir été poursuivi pendant 1/2 h la peur au ventre, que d'être tué en une fraction de seconde dans un abattoir...
Je ne suis absolument pas d'accord avec cette affirmation.
Tout d'abord la traque d'un predateur excede rarement quelques minutes, si la proie donne suffisamment de fil a retordre a un predateur pour lui resister longtemps en general ce dernier abandonnera evitant ainsi toute depense d'energie excessive et diminuant la probabilite de blessures qu'impliquerait une longue et energetiquement dispendieuse traque d'une proie vigoureuse (seul l'etre humain a les ressources necessaires pour traquer et poursuivre une bete des jours durant). En general les proies chassees sont les plus faibles et donc le tout est regle assez rapidement. De plus les animaux souffrent peu dans une situation de chasse, en effet dans le vif de l'action il y a une sorte de mecanisme physiologique, nerveux qui met temporairement en veilleuse les sensations de douleurs et parfois aussi de peur. C'est pour cela, lorsque l'on se bat, dans le feu de l'action les coups nous font rarement aussi mal qu'il ne le devraient, parfois on ne ressent strictement aucune douleur, par contre c'est le lendemain que l'on morfle. Par exemple je connais un gars qui s'est fait agresser a coup couteau, il s'est fait planter a l'abdomen, au coup et au visage a plusieurs reprises, rassurez-vous il a non seulement survecu mais le plus fort c'est que son agresseur a failli mourir, l'agresseur est reste 6 mois a l'hosto contre 2 pour l'agresse!! Le gars durant l'action il n'avais pas mal, c'est apres avoir massacre son agresseur et juste avant qu'il s'evanouisse lui meme qu'il a commence a souffrir sa race. Ce mecanisme permet manifestement aux animaux d'optimiser au mieux leur chance de survie confronte a un accident ou une attaque, et justement le truc de la torture c'est de ne pas mettre la victime dans les conditions psychologiques et physiologiques qui mettraient les sensations douleureuses en ''mode off'', la methode est simple: mettre la victime dans un etat physique et/ou psychologique sans espoir, dans laquel elle n'a aucune chance de se defendre de maniere active par la riposte ou la fuite, comme en l'attachant par exemple. Se ramasser un coup de masse sur les genoux en etant ligote a une chaise sera immediatement douloureux, en revanche, si vous etes libres de vos mouvements et dans un etat d'esprit de defense la douleur apparaitra bien plus longtemps apres (je prend pour exemple le genou parce qu'avant hier matin je me suis bien amoche celui-ci dans un accident de scooter, sur le coup pas de douleur, 5 minutes apres debut de douleur au niveau de la peau ecorchee a vif, une heure apres premiers boitillement, et c'est seulement le soir qu'il m'etait impossible de poser le pied a terre sans hurler de douleur...)
Enfin dire ''d'être tué en une fraction de seconde dans un abattoir'' pour justifier le fait que c'est plus civilise et que l'animal souffre moins est faire completement abstraction de ce qui se passe avant la mise a mort:
les conditions d'elevages, les differentes maltraitances (coups, parfois tortures veritablement deliberees) et biensur tout ce laps de temps qui s'ecoule entre l'entree de l'animal dans une betaillere et son arrivee a l'abattoir:
souvent les lieux de production (on dit maintenant production plutot qu'elevage, ca permet de reifier un peu plus l'animal et d'en faire un vulgaire produit de consommation insensible) sont tres eloignes des abattoirs, ce qui signifie de voyager dans la betaillere parfois durant plusieurs heures serres les uns contre les autres , il n'est pas rare que des betes meurent pietinees, asphyxiees, de soif dans de telle condition (mais c'est pas grave tant que l'on ne depasse pas les quotas au-dessus desquels on perdraient du fric...).
Les porcs en general sont tres recalcitrants a monter dans les betailleres, les eleveurs attribuent cette caracteristique a la connerie congenitale du cochon, en fait le porc refuse obstinement de monter parce qu'il ''sait'' ce qui l'attend, en effet les betailleres, meme si lavees regulierement, gardent encore l'odeur de mort des precedents voyages vers l'abattoir; le porc, un des mammiferes a l'odorat les plus developpe, est capable de detecter les molecules de sang et d'hormones... produites en cas de panique qui impregnent encore la betaillere, ceci explique pourquoi qu'avant meme d'etre arrive a l'abattoir ils commencent paniquer serieusenment. Ensuite il y a l'approche et l'arrivee a l'abattoir, et la c'est l'enfer sur terre
Les animaux restent parfois plusieurs minutes enfermes dans la betaillere aux milieux des effluves de sang et de carcasse de leur congeneres (ne parlons pas des cris), meme l'etre humain, animal a l'odorat pas des plus developpe, le sent, moi meme je suis alle deux fois dans un abattoir et bien je peux vous dire que meme frais le sang, la boyasse... c'a une odeur qui ne passe pas inapercue. Donc imaginons ce qu'il en est pour les bestiaux avec leur odorat sensible... Apres le passage dans le couloir de la mort, parcours savamment concu pour empecher a l'animal de faire demi-tour et le faire inexorablement s'approcher du point ultime, enfin l'attend apres toutes ces tortures une sorte d'etau qui lui grillera au prealable le cerveau et le liberera enfin et definitivement de toutes ces souffrances (ouf!) pour ensuite etre saigne... voila ce qu'est la realite de l'elevage industriel, il n'y a pas d'elevage et encore moins d'abattage veritablement ethique. Le seul cas ou je trouve qu'il est ethique d'abattre un animal c'est dans le cas de ces populations qui vivent dans un biotope ou la viande est la seule source de proteine indispensable a leur survie, a partir du moment qu'ils chassent dans le but de se nourrir, en employant des methodes d'abattage evitant des souffrances inutiles, et qu'ils prelevent juste ce dont ce qu'ils ont besoin (a distinguer du braconnage ou l'individu chasse le plus d'animaux possible non pas pour se nourrir de leur viande mais pour le fric qu'ils peuvent rapporter) dans ce cas c'est ethique.
Je ne cherche pas a convaincre qui se soit d'etre vegetarien, parce que je ne le suis pas moi meme, et que cela ne servirait a rien. Manger ou ne pas manger de la viande est une demarche ethique personnel resultant de la pleine acceptation de son sentiment de compassion a l'egard des animaux, il faut a la fois se laisser envahir sans resistance aucune par la tristesse que l'on ressent en etant temoin de la souffrance animale, puis accepter et savoir reformer son mode de vie.
En revanche ce qui m'agace c'est l'hypocrisie des gens qui cherchent a se justifier avec des arguments a l'emporte piece du genre "c'est naturel", ''Si l'animal est eleve et tue dans des condition humaine bah alors pas de probleme...'',''Si c'est du bio c'est ethique...'' et nanani nanana...
Si j'ai un profond respect pour les Inuits ou les chasseurs-cueilleurs amazoniens, par contre les sur-consommateurs que nous sommes, qui achetons tranquillement a Carrouf nos barquettes de bidoche de merde et qui en plus essayons de nous justifier, puisqu'incapable d'assumer pleinement notre propre cruaute, me degoutte de plus en plus. Personnellement, moi qui mange encore occasionnellement de la viande, je ne me voile pas la face hypocritement: je suis un egoiste et un lache qui bien qu'incapable d'egorger un porc continue a manger de la viande non pas par necessite nutritionnelle mais par vile gourmandise et habitude. La satisfaction de mes papilles de carnassier prend parfois encore le dessus sur mon sentiment de compassion pour les animaux. Mais je le regrette sincerement et a commence de changer...voila a peu pres ce que je pense de moi et si un vrai vegetarien venait me le dire je le regarderais droit dans les yeux et lui dirais qu'il a parfaitement raison.
Alors soyons francs
Oui l'homme est un animal opportuniste adapter a manger aussi bien de la viande que des vegetaux, et c'est pour cela entre autre qu'avant meme l'avenement des progres technologiques l'etre humain a su s'adapter a des biotopes aussi divers que les deserts chauds ou froids, la foret equatoriale, le groenland, la haute montagne...Oui l'homme peut vivre en pleine sante aussi bien en mangeant de la viande que des vegetaux, il suffit que l'alimentation apporte des nutriments tels que des anti-oxidants, vitamines et mineraux en quantite, ainsi que les acides amines essentielles... pour que cela roule... mais le fait que manger de la viande soit ou ait ete indispensable a un moment donne de l'histoire d'un peuple, le fait que la predation est un phenomene on ne peut plus naturel dans le monde vivant, cette realite ne doit pas pour autant nous empecher de prendre conscience de la cruaute d'elever et d'abattre des animaux afin de satisfaire ses papilles et de faire du profit.
A chacun en fonction de sa sensibilite personnelle de faire ce qu'il lui semble le plus juste a faire, mais par pitie soyons honnetes et coherents et arretons de nous voiler la face
A+