Heureux que tu le prennes comme ça, ça n'avait pas d'autre vocation. En attendant des explications de ta part.
C'est vrai que je m'explique trop peu souvent, je te le concède... mais bon, c'est faute de temps (et puis aussi parce la plupart des questions frôlent souvent l'absurdité).
La notion de danger est relative et propre à chacun. Je pense que Delavier insiste assez là dessus.
A la base j'étais kiné, même si je ne pratique plus professionnellement depuis 20 ans, je continue à penser selon ma formation de kiné: c'est à dire selon la notion des 6 "chaînes musculaires" et non pas en m'amusant à disséquer les quelques 300 muscles du corps.
Un muscle, lorsqu'il est isolé de sa chaîne superficielle ou pire encore de sa chaîne fonctionelle, est mis en danger et peut entraîner tout un déséquilibre du schéma moteur, ce qui constitue un danger lorsque ce n'est pas exécuté dans un cadre parfaitement déterminé.
Dans le cadre d'un SDT "jambes tendues", le danger est biomecaniquement évident: il dissocie la chaîne postérieure superficielle de sa chaîne fonctionelle (concrètement ce sont les grands fessiers qui font l'essentiel du travail, les ischios eux compensent). De plus là où le SDT classique va imposer sur une échelle de 1 à 10 un pression de 6 sur la L3, elle sera de 10 à charge égale avec la version "jambes tendues" (Zatsiorsky, reprit par Cressey fréquemment)...
De plus, alors que le SDT classique impose presque par réflexe le "blocage" de l'unité centrale, les faibles charges utilisées pour la version "jambes tendues" ont tendance à fausser le schéma moteur et se passer de ce blocage pourtant hautement salutaire!
Enfin, le SDT "jambes tendues" nécessite déjà une très bonne mobilité de la ceinture scapulaire (qu'il faut pouvoir maintenir rétractée tout le long de la série): 90% des bodybuilders du dimanche ne sont pas capable de contracter leurs rhomboïdes aussi longtemps, toute leur musculature est déséquilibrée en faveur du reflet dans le
joli miroir (pratiquement tous les sujets portent sur les "pecs", ce qui me fait parfois penser à un forum de pouffes sur les implants de silicone)
C'est un point de vue philosophique et non scientifique. On peut donc trouver des arguments tout aussi logiques pour prouver le contraire.
D'un point de vue purement scientifique aussi, on peut alors prétendre comme Delorme il y a 60 ans qu'un culturiste doit s'entraîner 3 fois par semaine avec une seule série à 100%, les 2 précédentes étant de 50 et 75%... personne n'a jamais réussi à prouver le contraire même si tout le monde s'accorde à dire que ce n'est pas l'idéal.
Ce n'est pas un point de vue philosophique, c'est un point de vue empirique de kinésithérapeute basé sur plus 20 ans d'expérience à entraîner toutes sortes de gens.
Scientifiquement pourtant, on peut dire que le SDT travaille toute la chaîne fonctionnelle postérieure d'une manière qui est biomecaniquement adéquate (à savoir conforme à sa fonction, c'est un fait irréfutable).
Si on va par là, alors on n'est pas fait pour faire de la musculation.
Mais si. La nuance c'est qu'
avant de faire du bodybuilding il vaut mieux avoir fait beaucoup de musculation fonctionnelle, bref ne pas griller les étapes.
Au sujet du SDT qui permet de prendre des charges plus lourdes :
- il permet donc d'augmenter la probabilité de se blesser.... ou plutôt d'augmenter le paramètre lambda de la loi exponentielle, c'est à dire de raccourcir le temps moyen avant blessure
Le temps avant la blessure inévitable? T'es vachement pessimiste Alban!
On peut progresser très longtemps avant de se blesser: j'ai 48 ans (et parfois j'arrive encore à grignoter quelques kgs sur certains mouvements) or je ne me suis jamais blessé sous la fonte, et pourtant j'ai rarement fait plus de 5 à 6 reps par séries. Aucun de mes clients ne s'est jamais blessé (et pourtant je mets toujours la priorité sur le travail lourd), comme quoi ce n'est pas nécessairement une fatalité... un sportif amateur (j'entends par là un non-pro) n'a aucune raison de se blesser à l'entraînement, au contraire.
Si on se blesse, c'est presque toujours pour la même raison: la recherche de "l'échec musculaire" alors que le seul échec est lié au système nerveux.
- plus lourd c'est bien si on travaille effectivement le(s) muscle(s) qu'on cible et pour en être sur, il faut quand même avoir des sensations si on met moins lourd sur la barre.
Les "sensations" peuvent être fallacieuses: sur un SDT "jambes tendues" on va ressentir ses ischios alors qu'ils n'ont pas véritablement travaillé mais "compensé" le déséquilibre postural induit par l'exo.
Quoi qu'il en soit, je ne prêche pas pour le SDT ou le RDL, mais affirmer comme tu le fais que l'un est supérieur à l'autre est erroné de mon point de vue. Il vaut mieux dire que pour certaines personnes et certaines anatomies l'un est plus adapté au développement des ischios que l'autre. Et pour le savoir il faut expérimenter soi même.
Et je ne prêche pas contre le RDL (bon compromis quand on maîtrise bien le SDT classique), ni même contre le "jambes tendues" qui peut s'avérer être utile en complément de sa version initiale et/ou pour corriger de mauvais schémas moteurs.
Expérimenter c'est très bien aussi, mais tu oublies que toi aussi tu as été débutant et que 99% des questions posées sont des questions de débutants très très jeunes... j'ose penser qu'il est plus raisonnable d'orienter des "débutants" vers de bonnes bases plutôt que les innonder d'une tonne d'infos qui vont être mal assimilées et pas forcément bien appliquées. Dans ce cadre, pour moi, un SDT classique est supérieur à n'importe quel travail d'isolation parce qu'il constitue LA fondation de tous les exos qui gravitent autour ou qui en dérivent.
@+