C'est simple, grâce à :
- l'entraînement préconisé dans les années 80-90 (5-6 jours par semaine, minimum 1:30)
- une application un peu trop au pied de la lettre du terme "à l'échec" et "entraînement dur"
- le syndrome du "plus je veux progresser sur un muscle plus je le pourris en le surentraînant"
- des points faibles par ailleurs sur à peu près tout ce qu'on veut développer étant jeune (pecs,épaules, biceps) et des points forts sur tout ce dont on se tape au même âge (cuisses, lombaires,trapèzes, triceps)
grâce à tous ces facteurs, donc, j'ai stagné comme un veau marin pendant tout ce temps là à une barre pitoyable de ... 80 kg, 85 kg les jours fastes en maxi au couché.
Je suis passé de 65 kg à 80 kg en série (bon, je triche un peu, je suis passé plus exactement de 4-5 reps à 70 à 6 reps à 80 kg, donc à de la série sur mon maxi le plus faible. Je me suis juste entraîné 3 fois par semaine dans une salle où on me lâchait la grappe et où les powerlifter ne se choquaient pas de voir un gars ne pas aller à l'échec.
En fait c'est en les voyant faire des séances de rappel à 70 kg en série de 5 que je me suis dit que j'avais dû louper quelque chose avec les credo BB. Je me suis concentré sur la forme, j'ai fait juste deux séries dont une "lourde" qui me servait quasi de potentiation (je ne connaissais pas le mot à l'époque, et personne autour de moi non plus) et la deuxième de série "réelle" en partant d'un principe : une barre qui descend doit remonter, sinon on ne la descend pas. Pas d'échec. Une rep bien contractée à la fin si besoin, mais 1 rep en plus ou une le même nombre de rep mais plus facile considéré comme un boulot bien fait. Avant je partais du principe que je devais être à bout à chaque série.
Je simplifie parce qu'en fait tout ça est arrivé avec pas mal de cheminements, d'essais partiels où on me regardait comme un extra-terrestre dans les salles privées et où je finissais toujours par revenir aux conneries qui ne marchaient pas parce que le troupeau réagissait. Troupeau constitué ou de gars au même niveau que moi, de gars dopés, et de quelques gars qui semblaient aller au-dessus naturellement parce qu'ils étaient sérieux et cohérents, plus quelques bêtes qui marchaient à l'instinct (en général pas très secs).
Quand j'y pense TOUS les progrès que j'ai fait à l'époque en quoi que ce soit (à part les progrès du départ) sont arrivés alors que je m'entraînais sur 3, voire 4 jours et sans échec.
Du coup après ce premier entraînement, contre toute mode, je prônais l'entraînement sans échec et je disais que Mentzer avait raison d'avoir raccourci ses entraînements mais qu'il avait compensé l'erreur constatées chez les autres par une obsessions de l'intensité qui ne pouvait que mal finir.
Pour m"émoire M.M. disait qu'on avait appris qu'il fallait travailler dur pour obtenir quelque chose et qu'on avait traduit "travailler dur" par "travailler longtemps" (sur ce point-là , je l'ai constaté à chaque fois, en particulier chez les non culturistes, obsédés par le nombre d'heures que les gars passaient à la salle).
En fait, il aurait dû continuer sa critique du masochisme judeo-chrétien par celle de l'idée même de "mérite". J'ai vu des tas de gars qui ne "méritaient" pas leur progrès, mais qui progressait parce qu'ils y croyaient et faisaient instinctivement ce qu'il fallait faire et savaient s'écouter.
La vie biologique, n'en a rien à faire de nos histoires de mérite et de notre morale de l'effort. Il faut l'enrôler dans nos efforts, mais pour ça il faut comprendre qu'elle ne fonctionne pas selon nos valeurs.
Voilà , la belle époque, quoi !
Franchement, c'est con, mais j'ai adoré.
Bref !