par Franck B. le 21/07/2006 14h32
Quelques extraits d'articles de mdg sur les autres causes possibles aux baisses de perf :
"notre corps va "oublier" comment faire pour convertir le gras en ATP de manière efficace et rapide. Bien sûr, il ne l'oubliera pas complètement, mais il sera de moins en moins efficace pour effectuer cette transformation. Le mécanisme rouille en quelque sorte.175
Lors d'un régime, le corps dispose de trois sources majeures de carburant. Tout d'abord, ce que nous lui apportons lors de nos repas. Même si on est au régime, on mange encore. Mais comme on mange moins de "carburant", que le corps n'en dépense, celui-ci est obligé de puiser l'énergie manquante ailleurs. Il lui reste donc les deux sources d'énergie que nous venons de décrire, graisses et acides aminés.
Pour les puristes, il y a d'autres sources d'énergie, telles que le glycogène ou le glycérol, qui sont comme les graisses issues de la lipolyse. Toutefois, ces sources d'énergie sont tout à fait mineures : nous les excluons donc de notre discussion….
Nous avons aussi vu qu'en dehors de la nutrition, un entraînement lourd et intense favorise la spécialisation du muscle dans l'utilisation des hydrates de carbone au détriment des graisses. En un mot, nos muscles réclament des hydrates de carbone et toujours plus d'hydrates de carbone.
Un jours, souvent par caprice, le culturiste se met à manger moins d'hydrates de carbone sous prétexte qu'il veut sécher. Pour nos muscles, c'est comme supprimer la drogue à un drogué. Cela se passe très mal. En réduisant son apport calorique, c'est-à -dire les hydrates de carbone, le culturiste souhaite que ses muscles se mettent du jour au lendemain à utiliser les graisses comme carburant. Malheureusement c'est presque impossible…
Heureusement pour la santé des culturistes, notre corps peut fabriquer des hydrates de carbone même lorsque nous ne lui en fournissons pas. Cela se passe au niveau du foie et des reins. Pour pallier au manque d'énergie rapidement utilisable, le corps choisira cette alternative. Souvenez-vous que les muscles ne savent presque pas exploiter les graisses. Ils le peuvent encore un peu, mais lorsque en cas de complication, il n'y a plus personne. Notre corps va donc tricher : plutôt que de se forcer à utiliser le gras malgré les difficultés (il le fera un peu cependant), il va se mettre à fabriquer des hydrates de carbone. Cette fabrication d'hydrates de carbone ("glucose" pour être précis) à partir du foie et des reins se nomme néoglucogenèse. Jusque-là , rien d'alarmant. Mais lorsque vous apprendrez que la matière première nécessaire à ce processus est nos acides aminés musculaires, cela ne va plus du tout. Plus notre régime sera dur, plus la néoglucogenèse, donc la fonte musculaire, sera intense. Quand, avec l'énergie du désespoir vous allez mettre le maximum à l'entraînement, votre énergie sera fournie par cette auto cannibalisme musculaire. Il n'y a qu'un seul moyen de sortir de ce mauvais pas : réapprendre à nos muscles à utiliser du gras efficacement et rapidement.176
Pour résumer nos facteurs limitant la perte de gras, nous savons que le transport des graisses du tissu adipeux à l'intérieur des mitochondries nécessite la présence des FABP, qui sont peu nombreuses chez le culturistes ce qui va ralentir le transport des graisses, entraînant une pénurie énergétique dans le muscle. Un autre facteur limitant est le transport du gras de l'extérieur à l'intérieur de la mitochondrie, ce que nous verrons en détails le mois prochain. Mais il reste un troisième facteur limitant. Si seules les mitochondries brûlent le gras, le nombre des mitochondries par fibre musculaire va avoir un rôle déterminant. Plus nos muscles vont contenir de mitochondries, plus on va pouvoir brûler du gras.
A la vue de nos muscles hypertrophiés, nous serions en mesure d'espérer qu'ils contiennent beaucoup plus de mitochondries qu'un muscle normal. Or des études médicales révèlent que c'est exactement le contraire : la réalité est dramatique. Chez un personne normale, le volume des mitochondries représente 4,5 % du volume musculaire. Chez un culturiste, ce volume n'est que de 2 %, soit même pas la moitié. Les cyclistes de haut niveau nous enterrent littéralement avec une densité de 11 %. Il y a donc une perte de mitochondrie dans le muscle des culturistes et cette perte n'est pas mince. Avec une si faible densité de mitochondries, il n'est pas étonnant que nous ayons autant de difficultés à perdre notre gras.177
On pourrait faire une analogie avec l'automobile. Chez l'automobile culturiste, plus le moteur gagne en puissance, plus le réservoir diminue. On se retrouve avec une Ferrari qui a un réservoir d'une 2 CV. C'est donc normal qu'elle tombe toujours en panne de carburant lors d'un régime. Nous avons vu que, sur le court terme, cette chute de densité des mitochondries était dûe à une nutrition riche en hydrates de carbone et à l'entraînement. Des études ont même noté que l'entraînement lourd pouvait faire exploser les mitochondries musculaires.
D'autre part, sur le long terme, nos muscles vont perdre des fibres de type I et gagner des fibres de type II. Là encore, cette spécialisation musculaire dans les fibres qui s'hypertrophient plus facilement et qui sont plus fortes est dûe à l'entraînement. Ce sont les fibres des culturistes par excellence. Malheureusement, les fibres de type II ne sont pas aussi performantes lorsqu'il s'agit de brûler du gras. Une des raisons essentielles est le faible nombre de mitochondries qu'ils renferment. En revanche, les fibres de type I sont, elles, très riches en mitochondries.
Résultat : nous avons des muscles gros, forts et hyper efficaces tant que les hydrates de carbone sont disponibles. En cas de régime, ces mêmes muscles s'affaiblissent et perdent leur masse à cause du manque d'énergie…
Les cops cétoniques sont issus d'une oxydation partielle des graisses dans les mitochondries du foie. Ils passent dans le sang et servent de carburant aux autres parties de notre corps. Le cerveau est un grand amateur de corps cétoniques. L'énergie qu'il utilise provient soit des hydrates de carbone, soit des corps cétoniques, car il est très peu capable d'utiliser les graisses.
Lorsqu'il n'y a plus assez d'hydrates de carbone dans le sang, notre cerveau est contraint de consommer les corps cétoniques. La transition entre la combustion des hydrates de carbone et celle des corps cétoniques n'est pas toujours des plus aisées. En cas de manque d'hydrates de carbone et de corps cétoniques, on a faim, le cerveau disjoncte et on est très irritable. Il faut espérer que la production de corps cétoniques augmentera rapidement. De plus, il faut que le cerveau soit décidé à les utiliser. En général, cette dernière action ne se passe pas trop mal. Ce qui ne marche pas très bien, c'est la fabrication des corps cétoniques, il faut être très carencé en hydrates de carbone pour commencer à fabriquer des corps cétoniques.
Malheureusement, beaucoup de culturistes sont tiraillés entre deux attitudes contradictoires. D'un côté, ils coupent trop les hydrates de carbone donc le cerveau est en manque ; d'un autre côté, ils ne sont pas assez radicaux, et la production de corps cétoniques n'est pas significative. Le cerveau n'a donc plus assez de carburant. Le culturiste devient très irritable. Afin de sortir de cette impasse, il faut soit remanger un peu plus d'hydrates de carbone, soit les supprimer encore plus. Il s'agit là d'une décision stratégique. Il n'y a pas de demi-mesure : il faut que ce soit l'un ou l'autre. Nous reparlerons de cette question le mois prochain.
L'ordre de fabrication des corps cétoniques n'est en fait pas déterminé par les hydrates de carbone mais par le niveau d'insuline. Si, malgré le régime, il reste encore un peu d'insuline (du fait de l'absorption d'hydrates de carbone), cette hormone inhibera la transformation des acides gras en corps cétoniques dans le foie. Certains individus peuvent fabriquer des corps cétoniques malgré un niveau d'insuline relativement élevé. D'autres devront supprimer complètement les hydrates de carbone afin que la production des corps cétoniques puissent timidement s'effectuer. Les personnes de cette catégorie ne sont pas aidées : elles devront éliminer presque totalement les hydrates de carbone, et passeront par une phase de carence assez pénible.
Les corps cétoniques ont pourtant deux avantages importants : leur fabrication représente un gaspillage calorique énorme pour le corps et ils ont des vertus anticatabolisantes. Malheureusement, ils ont aussi des effets catabolisants.
178
Les corps cétoniques sont des acides : ils font baisser le pH sanguin. Plus il y aura de corps cétoniques dans le sang, plus l'équilibre acido-basique sera rompu. Ce déséquilibre va obliger notre corps à lutter contre cet acide. Pour se défendre, nos reins vont se mettre à dégrader de la glutamine à une vitesse accélérée. Ils auront d'autant plus de facilité à le faire que les corps cétoniques vident le muscle de leur glutamine, rendant ainsi disponible cet acide aminé pour la dégradation rénale. C'est de l'auto cannibalisme. Mais ça ne s'arrête pas là .
Plus le pH sanguin est bas, plus nos BCAA musculaires seront aussi dégradés. C'est pour cela que, malgré l'effet protecteur direct des corps cétoniques sur les acides aminés musculaires, l'oxydation de la leucine est accrûe mais de manière indirecte. Il y a pire : la sécrétion de cortisol (hormone faisant perdre du muscle) est stimulée, alors que le niveau de GH et d'IGF-1 s'écroule. Les effets du peu qui reste de ces deux dernières hormones anabolisantes seront inexistants car la quantité de leurs récepteurs respectifs chutera. Ceux qui restent ne vont plus réagir aux ordres lancés par ces deux peptides. Les muscles se videront encore plus de leur ATP. Sur le plan de la perte de graisse, plus le pH sera bas, plus la lipolyse sera faible. En effet, les catécholamines (adrénalines et noradrénaline) perdent leur pouvoir lipolytique. Moralité : on ne sèche plus.
La baisse du pH a un effet de "repartitionning" hautement négatif. Notre muscle sert de carburant et s'auto-détruit, alors que le tissu adipeux est quant à lui préservé. Il est clair que si vous vous mettez au régime, il faut lutter contre la baisse du pH. Cette baisse intervient que vous fassiez survenir les corps cétoniques ou non. Cette lutte intéresse donc tout le monde et c'est d'elle dont nous allons vous entretenir le mois prochain.180"
Testez les limites de votre réalité et dépassez-les !